Interview de : Jean-Charles Varlet, fondateur de «crème de la crème».
Figaro : http://www.lefigaro.fr/decideurs/parole-patron/2018/12/19/33003-20181219ARTFIG00006-jean-charles-varlet-les-freelances-revolutionnent-le-marche-du-travail.php
Je me permets de vous le retranscrire ici (avant qu’il ne disparaisse) car je trouve que son analyse est très pertinente et reflète bien la situation actuelle (qui ne fait que confirmée ce que je pense depuis longtemps).
INTERVIEW – Dans un marché du travail en pleine mutation, le «freelancing» prend des proportions considérables. Face à cette transformation, révélatrice des nouvelles exigences des travailleurs, c’est aux entreprises de s’adapter, estime Jean-Charles Varlet, fondateur de «crème de la crème».
L’heure est à l’indépendance. Jean-Charles Varlet, co-fondateur de «crème de la crème», estime que face aux évolutions du marché du travail une «profonde remise en question des entreprises est impérative». La plateforme créée en 2015 par ce jeune entrepreneur de 27 ans passé par l’Essec rassemble une communauté sélective de travailleurs en freelance spécialisés dans le digital. Sa mission: faciliter la mise en contact entre ces jeunes travailleurs indépendants à fort potentiel et les entreprises. Des sociétés comme L’Oréal, Accor Hôtel, BNP Paribas ou BlaBlaCar s’attachent régulièrement ses services. Le succès est au rendez-vous, si bien que «crème de la crème» poursuit désormais l’objectif de devenir la première communauté de freelances d’Europe spécialisée dans les métiers du digital.
LE FIGARO.- Quel regard portez-vous sur le marché du travail aujourd’hui?
Jean-Charles Varlet.- Les employés ont de nouvelles priorités, c’est dans ce sens que le marché évolue. Ils ne veulent plus travailler dans des structures rigides et trop hiérarchisées. On constate un rejet en bloc des méthodes de l’entreprise traditionnelle. En clair, les salariés exigent plus d’indépendance afin d’améliorer l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. L’organisation du travail au sein de l’entreprise doit être repensée et devenir plus flexible, personnalisé et agréable.
Le statut d’employé est-il en train d’évoluer?
D’ici deux ans, environ la moitié des travailleurs américains bénéficieront d’un statut d’indépendant, de «freelance». Ce sera également bientôt le cas en Europe ; aujourd’hui c’est 20 à 30% de la population active qui est concernée. L’approche du travail est en train de radicalement changer et le statut d’employé avec. Cependant, il ne faut pas croire que tous les employés seront un jour des freelances. Pour les entreprises, il faut trouver le bon équilibre entre les salariés fixes et ceux qui répondent à des besoins ponctuels.
Jean-Charles Varlet.- Les employés ont de nouvelles priorités, c’est dans ce sens que le marché évolue. Ils ne veulent plus travailler dans des structures rigides et trop hiérarchisées. On constate un rejet en bloc des méthodes de l’entreprise traditionnelle. En clair, les salariés exigent plus d’indépendance afin d’améliorer l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. L’organisation du travail au sein de l’entreprise doit être repensée et devenir plus flexible, personnalisé et agréable.
Le statut d’employé est-il en train d’évoluer?
D’ici deux ans, environ la moitié des travailleurs américains bénéficieront d’un statut d’indépendant, de «freelance». Ce sera également bientôt le cas en Europe ; aujourd’hui c’est 20 à 30% de la population active qui est concernée. L’approche du travail est en train de radicalement changer et le statut d’employé avec. Cependant, il ne faut pas croire que tous les employés seront un jour des freelances. Pour les entreprises, il faut trouver le bon équilibre entre les salariés fixes et ceux qui répondent à des besoins ponctuels.
Le modèle traditionnel des sociétés de services expertes dans leur domaine est-il dépassé?
Ce n’est pas exactement le terme que j’emploierais. Évidemment que les acteurs traditionnels du secteur doivent s’adapter aux exigences des freelances d’aujourd’hui. Dans ces grosses structures, les employés sont envoyés sur des missions qu’ils ne choisissent pas. Ce système ne convient plus aux travailleurs indépendants. En fait, le marché s’est scindé en deux depuis quelques années. S’il faut déployer de gros effectifs dans la France entière pour une durée indéterminée, les grandes agences spécialisées sont encore les plus compétentes à ce niveau. En revanche, pour des projets plus précis, plus pointilleux, nécessitant les dernières expertises du digital ou la maîtrise des derniers langages de programmation, nous proposons des services plus personnalisés et adaptés que les agences qui ne possèdent plus les ressources nécessaires. La connaissance de notre communauté, notre accompagnement, notre prise en charge du client et notre flexibilité nous donnent un avantage décisif. Les demandes que nous recevons sont généralement traitées beaucoup plus vite qu’en agence. Leur inertie ne leur permet pas de s’adapter aussi rapidement que nous à la demande.
Est-ce une alerte pour les entreprises?
Oui. L’entreprise est aujourd’hui confrontée aux défis de la transformation des ressources humaines. Pour convaincre les talents à l’embauche, les structures devront renforcer leur flexibilité interne. Le télétravail, la formation, la prise en charge… Autant d’initiatives qui deviennent indispensables pour les employés. Les freelances sont à l’origine de cette transformation. Ils sont le fer de lance de la nouvelle génération d’employés et symbolisent l’avancé de «l’humain» au sein de l’entreprise. Il est impératif que les sociétés prennent conscience de ces nouveaux enjeux.
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